Bilan de la rentrée 2017 au CTSD du Morbihan

Le CTSD du 14 novembre 2017 a fait le point de la rentrée scolaire dans le Morbihan. Dans sa déclaration préalable, le Sgen-CFDT Bretagne a interpellé l'administration sur les effectifs dans les écoles, collèges et lycées publics, ainsi que sur les réformes et contre-réformes du moment.

CTSD Morbihan 31 janvier 2017Effectifs dans le premier degré

Si on constate une baisse de 130 élèves à cette rentrée, il est intéressant de noter que les constats de rentrée sont supérieurs aux prévisions de la DGESCO : près de 390 élèves en plus. Dans un contexte démographique défavorable, cela mérite d’être souligné. De la même façon, si on observe les flux d’un niveau à l’autre on mesure un accroissement des effectifs, sauf entre la GS et le CP (- 59 élèves) et entre le CE1 et le CE2 (- 22 élèves). Dans l’un des cas, on peut craindre un transfert vers le privé au moment de l’entrée des élèves en école élémentaire. D’une manière plus générale, dans notre département, pour un bilan de rentrée reflétant la situation, il nous faudrait connaître en regard les chiffres de l’enseignement privé.

Scolarisation des 2 ans

Le taux de scolarisation moyen des élèves de moins de trois ans est assez encourageant. Toutefois, il masque de grandes disparités entre les communes, certaines se situant bien retrait par rapport aux prévisions. Le positionnement de l’école sur un territoire donné, rural ou urbain, ne semble pas le facteur le plus déterminant. Des écoles rurales recrutent parfois au-delà des prévisions quand des écoles urbaines ont des difficultés à les atteindre. Il serait intéressant d’analyser plus finement ces phénomènes pour mieux en saisir le sens.
S’agit-il d’écoles qui ont perdu en attractivité ? Si oui, quelle est alors la stratégie portée par la direction départementale en direction de ces écoles ou de ces territoires ?
S’agit-il de la conséquence d’une politique orientée de la commune ? La question se pose notamment à Vannes. Dans le cas où l’enseignement privé serait indirectement favorisé, quelle est, là encore, la politique éducative de la direction du département en soutien aux équipes ?

Breton dans les écoles

L’enseignement bilingue se consolide un peu plus puisque les effectifs, à quelques rares exceptions près, sont en augmentation dans l’ensemble des écoles.

CP à 12

Concernant la création de classes de CP à 12 élèves et le devenir du dispositif « plus de maîtres que de classe », nous souhaitons rappeler ici notre attachement à ce dispositif de maître surnuméraire qui donne plus de latitude aux équipes que les CP à 12 élèves, organisation décidée depuis le ministère comme si tout se jouait au CP. Nous sommes convaincus que l’accompagnement pédagogique de certains élèves nécessite du temps. Que se passera-t-il à la rentrée prochaine si vous devez développer les classes à 12 élèves ?

Rythmes scolaires

Nous ne pouvons pas faire le bilan de la rentrée sans évoquer la question des rythmes scolaires : les avis sont partagés, nous le savons tous, car la mise en place de cette réforme a été difficile pour de nombreuses raisons. Elle semble fortement remise en cause. Quel discours tiendrez-vous Madame la Directrice académique dans les mois à venir relativement à l’importance d’avoir cinq matinées en classe, en particulier pour les élèves les plus fragiles ? A qui la densification des journées est-elle profitable ?

Devoirs faits

Notre dernier point sur le premier degré fera le lien avec le second degré : il s’agit du dispositif « devoirs faits », dont on annonce l’extension au premier degré. Qu’en sera-t-il des moyens pour cela, nous pensons en premier chef aux moyens humains. La durée de service des enseignant·e·s du premier degré et l’intensification des journées nous font penser qu’il sera difficile d’avoir l’encadrement nécessaire. La réflexion sur ce point est-elle commencée ?

Effectifs dans les collèges et les lycées

En collège, on perd 42 élèves à cette rentrée mais là encore les effectifs sont supérieurs aux prévisions de la DGESCO. Il convient d’observer les fluctuations de plus près car les situations sont contrastées parmi les établissements. Certains sont en fragilité. Il est nécessaire d’engager un travail avec les équipes, en associant l’ensemble des établissements d’un bassin ou d’un secteur, en vue de construire un projet d’ensemble cohérent qui rend plus attractif encore l’enseignement public, en évitant l’écueil de la concurrence entre les établissements.
Les effectifs en EGPA sont à la fois en diminution et inférieurs aux prévisions. Mouvement
conjoncturel ou structurel ?

Quant aux lycées, ils présentent une image inversée avec les collèges. Leurs effectifs sont globalement en hausse par rapport à l’année précédente mais ils sont inférieurs aux prévisions. C’est particulièrement vrai à l’entrée en classe de seconde, quelle soit générale ou professionnelle. Comment peut-on expliquer ce phénomène, à savoir l’écart entre les prévisions et le constat d’effectifs ? Y aurait-il eu cette année un transfert vers les établissements de l’enseignement privé ?

On peut se réjouir de la politique ambitieuse conduite dans le développement des ULIS dans l’enseignement public.

Réforme et contre-réforme au collège

Revenons sur l’arrêté du ministre Blanquer sur le collège qui bien rapidement a assoupli la réforme engagée. Une politique éducative ne peut se mener que sur du long terme et les problèmes générés par la mise en place de la réforme du collège ne peuvent seuls amener à remettre en cause son bien fondé.
C’est d’une certaine manière donner le signe qu’il n’est pas utile de suivre les mesures ministérielles, qu’il suffit d’attendre la prochaine réforme. Et c’est bien le signal entendu par nombre de collègues, qu’ils se soient engagés ou pas dans la mise en œuvre de cette réforme .
Cela ajoute de la confusion à un système scolaire qui a besoin avant tout d’une stabilisation dans les choix de politique éducative et surtout d’un réel pilotage à long terme. Et que cesse aussi cette politique de l’affichage, de la communication qui s’arrête à l’écume, sans voir les difficultés que peuvent rencontrer les équipes sur le terrain pour mettre en œuvre les politiques décidée en haut lieu, malgré leur fort investissement.
Il faut parfois du temps et de l’accompagnement pour que les directives vivent pleinement.

Il en est ainsi du dispositif « devoirs faits ». La presse répercute les annonces du ministère, et le lendemain plus localement rend compte de difficultés largement occultées. « Si ce dispositif n’est pas contestable sur le fond puisqu’il peut, comme la réforme de 2014, permettre de réduire le recours à des officines privées de soutien scolaire, il pose tout de même de sérieux problème de méthodes et/ou de moyens.
Une fois de plus, le pouvoir politique considère qu’il suffit de dire pour que les choses se
fassent !
C’est nier le travail à fournir par toutes les catégories de personnel à tous les niveaux
(organisations, concertation, préparation des interventions…)