Comité Technique Spécial Départemental

Le CTSD 35 se réunissait le vendredi 15 novembre pour faire le bilan de rentrée des premier et second degrés du département d'Ille et Vilaine.
Nos représentantes ont lu la déclaration suivante :

Monsieur le Directeur académique, Mesdames, Messieurs les membres du Comité Technique Départemental,

Nous tenons tout d’abord, et ce n’est pas de pure forme, à remercier les services pour la qualité des documents que nous avons reçus. 

Dans cette déclaration nous souhaitons aborder le bilan de cette rentrée 2019 en faisant un focus sur quatre points qui préoccupent plus particulièrement nos collègues :

la direction d’école, la réforme des lycées, l’école inclusive et enfin la réforme des retraites.

Nous réservons nos remarques sur les effectifs pour nos interventions en séance. Nous ne prétendons pas traiter tous les dossiers, mais nous tenons à faire ressortir ce qui pour nous est marquant.

Dans le premier degré

Le geste terrible de notre collègue Christine Renon a remis au devant de l’actualité la question de la direction d’école. Depuis juin 2018 le Sgen-CFDT demande l’inscription de la question de la gouvernance de l’école à l’agenda social du ministère. Le ministre vient enfin de programmer des concertations sur la question, il est plus que temps, et il est regrettable d’avoir attendu cet événement tragique pour prendre enfin la mesure de l’urgence de la situation.

Les directrices et directeurs sont à bout, et ce n’est pas nouveau… Depuis des années les postes de direction sont difficiles à pourvoir. Dans notre département, tous les ans, une vingtaine de directions restent vacantes, qu’elles soient en ville ou en campagne, en éducation prioritaire ou non, qu’elles soient primaires, élémentaires ou maternelles. Même des directions maternelles 4 classes, ou 6 classes à Rennes n’ont pas été pourvues au dernier mouvement. Quand on connait l’attractivité de la maternelle, cela pose question.

Au Sgen-CFDT nous pensons que c’est le travail invisible, non reconnu, mais aussi l’écart entre le travail réel et le travail prescrit qui sont à l’origine de l’épuisement des directrices et directeurs.

Plus de décharge, plus de prime ne résoudront pas tout.

Il est plus que temps de mettre sur la table la question de la gouvernance et du statut de l’école, pour sortir des non-dits, pour clarifier les rôles et les fonctions et pour reconnaître enfin aux personnels de terrain leur expertise.

Dans le second degré

C‘est la réforme du bac et des lycées qui a été au cœur de cette rentrée.

Les lycées généraux et technologiques ont vécu en 2018-2019 une année de marche forcée dans le brouillard. Le Sgen-CFDT n’a eu de cesse de réclamer un report de cette réforme.

Force est de constater que la marche forcée continue et que le brouillard ne s’est pas dissipé.

Les enseignant·es de lycée comme les équipes de direction sont déjà épuisé·es. Et que dire des administratifs ? Une enquête auprès des personnels de lycée de Bretagne nous renforce dans ces convictions ; nous la publierons bientôt.

Les chefs d’établissement comme les enseignant·es ne savent plus où donner de la tête et doivent parfois créer leurs propres outils pour communiquer avec seulement les enseignant·es de tronc commun ou au contraire avec seulement les enseignant·es de spécialité. Par ailleurs, mettons-nous un instant dans la peau d’une famille : être en classe de 3ème, 2nde ou 1ère aujourd’hui est très anxiogène au vu du flou régnant dans l’offre de formation. Comment anticiper le lien entre leurs spécialités et options au lycée et leurs études supérieures ?

Les enseignant·es s’inquiètent sur l’avenir des postes dans un contexte régional de fort déclin démographique et de paysage très mouvant notamment dans certaines disciplines.

Outre les nouveaux programmes qui exigent beaucoup de travail pour les enseignant·es, outre les E3C aux modalités encore floues et outre l’organisation casse-tête des conseils de classe, les enseignant·es s’inquiètent sur l’avenir des postes dans un contexte régional de fort déclin démographique et de paysage très mouvant notamment dans certaines disciplines, mouvance liée au choix des familles.

Les lycées professionnels connaissent eux aussi une réforme qu’ils jugent, selon une enquête menée en fin d’année scolaire dernière par le Sgen-CFDT, très décevante. Les moyens complémentaires pour les dédoublements en 2nde professionnelle et en 1ère année de CAP sont-ils bien là ? Difficile de vérifier tant les règles de seuil de dédoublement paraissent complexes aux enseignant·es. Là encore, il faut du temps, la co-intervention nécessite bien des calages en cours d’année, tout comme la préparation du chef d’œuvre. Il faut aussi une formation de qualité pour ces deux nouveautés.

Ce qui inquiète plus encore les personnels, c’est la diminution des volumes horaires en enseignement général dès l’année prochaine.

Ces deux réformes impactent aussi les personnels administratifs, qui ont déjà payé un lourd tribut l’an dernier avec une suppression de 400 postes.

L’école inclusive

Elle percute toutes les strates du système et tous ses personnels.

Depuis l’année dernière, ce sont 371 élèves de plus qui sont en situation de handicap dans notre département, malgré l’amorce de baisse démographique. Parallèlement, 354 élèves de plus sont accompagnés par un AESH depuis l’année dernière, cela signifie que la plupart des notifications débouchent sur un accompagnement humain. Or nous avons constaté depuis la rentrée que plusieurs élèves ayant une notification ne sont à ce jour toujours pas accompagnés : il s’agit d’accompagnements individuels comme d’accompagnements collectifs en ULIS collège.

C’est grave pour ces élèves et c’est mettre en difficulté tous les personnels concernés. Les familles peuvent-elles faire confiance au système éducatif dans ces conditions ?

Nous vous rappelons votre engagement formulé en septembre 2019 à ne pas reproduire la situation problématique de septembre 2018.

Par ailleurs, la charge de travail induite pour les personnels devient excessive. Une multitude de documents redondants alourdit considérablement la tâche des différents protagonistes. Les personnels ont besoin d’être accompagnés et formés pour faire face à cet enjeu de société, ambition noble mais coûteuse.

Enfin sur le projet de réforme des retraites

Nous savons que ce n’est pas en CTSD que se règlera ce dossier. Mais il inquiète à juste titre l’ensemble des personnels de notre département comme ailleurs. Nous vous demandons de faire remonter ces inquiétudes.

Pour la CFDT, l’enjeu est de sortir des injustices que vivent les femmes, les catégories C, les poly-pensionné·es et tous les personnels subissant de la pénibilité au travail. À l’Education Nationale, les primes sont réduites et mal réparties. Leur intégration dans le calcul des pensions ne peut suffire.

Notre champ professionnel est identifié depuis le début comme l’un des perdants de cette réforme, le ministre le reconnait dans un courrier adressé aux secrétaires généraux des syndicats le 12 novembre. Cela amène le Sgen-CFDT et la CFDT à une vigilance particulière pour nos professions.

Les personnels de l’Education Nationale sont légitimement inquiets et il est temps que le gouvernement et le ministre donnent des gages et annoncent clairement ce qu’ils comptent faire en terme de revalorisation des carrières.

Dans ce même courrier, le ministre s’engage à ce que la revalorisation salariale soit formalisée dans le projet de loi créant le système universel. Cependant, nous serons vigilants aux contreparties que le gouvernement pourrait demander aux enseignant·es.

Nous vous remercions pour votre écoute.