Déclaration au Comité Technique Académique du jeudi 4 avril

Le vote unanime des organisations syndicales sur les projets de répartition d'emplois les a amené à siéger à nouveau aujourd'hui. Le Sgen-CFDT y est intervenu en ouverture de la séance.

Des suppressions de postes qui restent inacceptables

La semaine dernière toutes les organisations syndicales se sont exprimées, par leurs votes au CTA, pour dénoncer les suppressions de postes. Les moyens premier degré n’étaient pas à l’ordre du jour mais la forte mobilisation dans les écoles est révélatrice d’un profond malaise de nos collègues, soumis depuis des années à des réformes qui se succèdent sans cohérence et sans formation, à une charge de travail qui augmente de façon continue et à une gouvernance verticale laissant de moins en moins d’autonomie aux équipes.

Quelle action du rectorat pour les collègues qui perdent leur postes et les enseignants contraints d’exercer sur plusieurs collèges ou lycées?

Suppressions de postes, TZR et compléments de services

Le Sgen-CFDT, deuxième organisation syndicale de l’Académie, tient aujourd’hui à demander à notre employeur ce qu’il compte faire pour pallier aux conséquences du plan social que l’Etat commence à mettre en œuvre dans l’Education nationale.
Concernant les enseignants du second degré, les conséquences conjuguées des suppressions de poste et du recours accru aux heures supplémentaires sont lourdes. Avec 80 suppressions de poste dans les établissements, à quelle distance de leur domicile, de leurs familles les collègues concernés vont-ils se trouver à la rentrée prochaine ? Et pour combien de temps ? Quelle attention leur réservera leur employeur les années qui suivront s’ils n’ont pas trouvé un poste géographiquement proche ? Combien de collègues TZR devront encore attendre avant de trouver un poste stable ?

 

L’Affaire du siècle dans l’Education nationale

A côté de ces situations, si l’on en croit le bilan social présenté en juin dernier, voir cette année encore sans doute plus de 1200 collègues contraints d’exercer dans plusieurs établissements n’est pas acceptable. Et ce d’autant plus quand certains doivent le faire alors que des heures supplémentaires sont à effectuer dans leur matière et dans leur établissement de rattachement. On marche sur la tête, et « l’Affaire du siècle » pourra y trouver des arguments contre l’État français.

Compléments de services du point du vue comptable

Au quotidien, les conséquences de ces services partagés se font sentir pour tous les personnels mais aussi pour les élèves.
Si l’on se contente d’une logique comptable, ce sont 20 à 30 ETP (Equivalent Temps Plein) qui étaient consommés pour financer les décharges liées aux compléments de services en 2015. Combien aujourd’hui ? Combien également de frais kilométriques déduits des impôts ? Combien de collègues choisissent pour supporter, ou éviter ces compléments de service, de se mettre à temps partiel ? Le Rectorat a-t-il pensé à en mesurer le coût ? Peut-il nous fournir quelques éléments chiffrés ?

Compléments de services du point du vue des élèves

Si l’on se place du point de vu des élèves ce sont des collègues qui matériellement, se trouvent dans l’impossibilité de s’investir pleinement dans le travail d ‘équipe aujourd’hui nécessaire. Qui ne s’investissent pas autant qu’ils le souhaiteraient dans les projets disciplinaires ou interdisciplinaires, dans les échanges avec les AESH en charge des élèves auxquels ils assurent l’enseignement.

Compléments de services du point du vue des collègues directement concernés

Si l’on se place du côté des personnels ce sont les collègues en service partagé qui souffrent de devoir faire de la route, de rater telle ou telle information, de se trouver dans l’incapacité de s’investir dans leur travail comme ils le souhaiteraient. Des collègues qui se voient contraints de se mettre à temps partiel pour supporter la surcharge de travail liée à la route, à la nécessité d’adapter leurs cours aux manuels et outils en usage dans d’autres établissements, au temps passé à comprendre le fonctionnement de l’établissement où ils assurent leur complément de service. Le Rectorat pourra-t-il nous communiquer avant le CTA de juin le nombre d’accidents de travail (sur la route, en mission ou sur son lieu de travail) avec le détail dans ce total entre les collègues en service partagé et de ceux qui ne le sont pas ? Un regard sur les TZR serait aussi utile.

Compléments de services du point des différents catégories de personnels

Mais ce ne sont pas seulement les enseignants qui subissent les conséquences de ces services partagés. Comment les CPE , Assistants d’Education, AESH, assistants sociaux, infirmiers peuvent-ils correctement travailler avec des collègues présents par intermittence ? Comment les personnels administratifs et de direction ne verraient-ils pas leur charge de travail accrue par l’augmentation du nombre de collègues exerçant dans leur établissement ? Complexification des emplois du temps, de l’établissement des planning de réunions diverses, de la mise en œuvre du projet d’établissement…
Il y 15 ans les compléments de service étaient l’exception, ils sont devenus la norme et touchent près de 9 % des enseignants du second degré de notre académie. Que fait ou qu’envisage de faire le rectorat, pour y remédier dans un contexte budgétaire où ils sont amenés à se multiplier encore ?

Après échanges avec le rectorat en séance il s’avère que ce ne sont ni les 500 annoncés lors du CTA du 26 mars ni les 1200 relevés dans le bilan social mais près de 670 enseignants du second degré qui exercent en servioce partagés dans l’Académie soit près de 5% des enseignants du second degré.

Un Ministère sous administré et une organisation de l’Académie chamboulée

Concernant les moyens administratifs, nous ré affirmons notre désaccord quant à la suppression de 400 postes administratifs au niveau national et dénonçons encore une fois la sous-administration de notre ministère.
Pour notre académie en 2019, ce sont 14 postes administratifs supprimés, 8 l’an passé et combien l’année prochaine ?

M le Recteur, les personnels administratifs souffrent de l’intensification du travail, de la dégradation de leurs conditions de travail et de la multiplication des heures supplémentaires.
La réorganisation de l’académie renforce leurs difficultés. Cette réorganisation a été bien réelle quoi qu’ait pu en dire la rectrice à laquelle vous succédez. Il suffit de s’intéresser un tant soit peu aux conséquences de ses décisions sur le terrain pour l’admettre. Les retours des collègues des services, des IEN, des CIO et des EPLE sur les évolutions dans la répartition des tâches et l’augmentation de la charge du travail permettent de s’en convaincre. Ils ont vu des missions changer, d’autres transférées d’un service à l’autre sans aucune concertation, sans accompagnement. Et ces nouvelles missions les agents ont dû les accomplir dans des délais intenables…

Tout cela dans un contexte de refus systématique d’alimenter le Compte Epargne Temps. Ce dispositif est certes un pis aller, mais sa mise en oeuvre serait un signe de considération pour le travail accompli par vos collaborateurs et collaboratrices. Ce CET serait aussi un signe de reconnaissance du dévouement des personnels, alors que les heures supplémentaires ne cessent de s’accumuler.

Concernant les CIO, les suppressions de postes ne peuvent y être justifiées par une baisse de charge. Les tâches vont devoir être assumés par les collègues qui y restent. En effet, le numérique ne réduit pas le travail, il le transforme. En outre le numérique n’est pas accessible à tous, c’est un obstacle pour certains usagers qui ont donc besoin de se faire aider.

En EPLE, la décentralisation n’a pas non plus allégé la tâche des personnels administratifs. Ils se voient au contraire imposer de nouvelles missions par des collectivités qui ne sont pas leur employeur. Ces personnels subissent aussi tous les bouleversements des nouvelles applications informatiques.

S’il était besoin d’une autre preuve que l’académie est en pleine réorganisation, il suffirait d’évoquer les postes d’emplois infirmiers puisque la gestion départementale s’est là aussi transformée en gestion académique.

La mise en place d’un nouveau barème pour les postes infirmiers aurait pu se faire dans un temps plus long.

Après le départ de la rectrice, faire un bilan de la réorganisation aujourd’hui

Doit-on pour autant faire table rase du passé récent? Faut-il revenir sur une réorganisation déjà largement engagée? Les échanges avec nos adhérents, notamment administratifs et personnels de direction, nous amènent à demander à ce qu’un état des lieux soit d’abord fait, au CTA dont c’est la fonction. Il faut que cet état des lieux permette de ragarder ce que la nouvelle organisation a de positif et ce qu’elle a de négatif, en faisant la distinction entre la méthode employée jusqu’ici pour la réorganisation, autoritaire et centralisatrice, et entre la structure mise en place. En tenant compte aussi des personnels, de leur compétence et de l’accompagnement qui peut être mené, comme a pu le faire M. Canerot pour une partie d’entre eux.

Télétravail et temps de service des AED

Enfin, pour les AED nous espérons une réponse concernant l’application du fractionnement comme nous l’avons indiqué la semaine dernière. Nous souhaitons également qu’un cadre soit organisé pour que le télétravail soit rendu possible dans notre Académie.

Rennes, le 4 avril 2019