Rentrée dans les LGT bretons : premiers échos

Grâce à nos adhérent·es, nous avons une première image de la mise en place de la réforme dans les lycées généraux et technologiques bretons. L'enquête que nous avons lancée mi-septembre doit nous permettre d'approfondir ces premières impressions.

Le Sgen-CFDT Bretagne opposé à cette réforme a réclamé son report l’an passé

La fin de l’année scolaire a été marquée par de grosses tensions autour du bac. Si le Sgen-CFDT Bretagne n’a pas appelé ses adhérents à utiliser la grève de l’examen comme moyen de pression, pour autant il n’a eu de cesse au cours de l’année écoulée de marquer son désaccord avec de nombreux points de la réforme des lycées généraux et technologiques et de réclamer son report.

Réformer la réforme

La réforme est malgré tout mise en place au niveau de la première cette année et à de nombreux égards, il faut …. réformer cette réforme !

Premiers échos de la rentrée : le nez dans le guidon

Ayant obtenu l’instauration de comité de suivi académique de la mise en place en de la réforme, le Sgen-CFDT Bretagne entend bien peser face au recteur et dans les établissements pour modifier ce qui peut l’être en utilisant une enquête de rentrée pour s’appuyer sur de solides constats.
Nous vous engageons, si vous ne l’avez pas encore fait, à la remplir, vous aussi, pour être entendu·es !
Les premiers retours nous montrent une réalité  très variable d’un établissement à l’autre….
Pour ne pas stigmatiser tel ou tel établissement, nous ne citerons pas les noms des trois établissements pris en exemple dans cet article ; exemples qui nous ont semblé parlants des choix effectués pour mettre en œuvre la réforme et de l’impact de ces choix.

Entre 12 et 50 combinaisons….

Selon les lycées, c’est entre 7 et 11 spécialités que les élèves ont pu choisir sans compter les options ou langues présentées ici ou là, la taille de l’établissement jouant beaucoup sur les possibilités d’offre de formation (pour en savoir plus on peut se reporter à notre article sur la carte des spécialités LGT).
Mais comme les élèves de 1ères avaient à en choisir trois, les combinaisons pouvaient être fort nombreuses. Entre 12 combinaisons dans l’un et 36 dans l’autre, l’impact a pu être fort différent.

La liberté de choix et ses conséquences….
Emploi du temps

Dans un établissement par exemple, les élèves doivent manger trois fois dans la semaine en une demi-heure,(ce qui existait avant, mais pas à ce point sans doute) les emplois du temps étant fort compliqués à monter mais aucun frein n’a été mis à leur choix et les anciennes séries – bac S, ES, L etc… -n’ont pas été recréées, la combinaison par exemple maths-physique-SVT ayant été soigneusement évitée comme paramètre pour former une classe.

Problèmes sur les TP….

Cela « tient » pour cette année mais avec des « bizarreries » pédagogiques, ainsi il a fallu en SVT et physique avoir un prof qui fasse le cours et en ajouter un deuxième qui fasse le TP pour que les TP soient alignés. Evidemment, les collègues ont tout de suite indiqué que, non seulement il pouvait être difficile de faire exactement la même chose en même temps (le prof qui a les élèves en classe doit retrouver l’autre groupe avec les mêmes acquis que ceux de son propre groupe….) mais que, surtout, si un TP sautait (absence pour diverses raisons, formations, convocations pour examen etc….), les deux groupes seraient dissociés !

De l’amplitude horaire à revoir

Et ces difficultés vont s’accroître l’an prochain avec la mise en place de la Terminale, de sorte qu’il est déjà annoncé qu’il faudrait faire cours le mercredi après-midi ou le samedi matin, ou les deux et finir à 18h au lieu de 17h30 comme c’est le cas actuellement. Les parents d’élèves ne manquent pas de souligner – à juste titre- qu’on créé des semaines pour ces lycéens plus lourdes que celles de bon nombre d’adultes….

Autre exemple : le choix de la sécurité

Dans un autre établissement, la carte de la sécurité a été jouée pour obtenir des emplois du temps satisfaisants pour les enseignants comme leurs élèves et pour stabiliser les postes des collègues. 12 triplettes ont donc été retenues en fonction des premiers vœux des élèves, ce qui a amené à regrouper des élèves dont le projet d’études scientifiques était commun et permettre aux élèves ayant moins de facilité en maths de se retrouver dans des classes où les profs l’adapteraient davantage. Ce choix a mené à la formation de deux classes ayant une « triplette » purement scientifique de spécialités au risque de recréer une classe ressemblant fort à l’ancienne S (qui ne soit donc pas suffisamment hétérogène).

Dernier exemple : la réforme comme révélateur des dysfonctionnements

Ailleurs encore, la mise en place de la réforme est très fastidieuse avec davantage de classes et d’élèves par profs, moins de dédoublements, des élèves qui ont dû changer d’options pour réussir à faire les classes, des emplois du temps très inconfortables ou peu convaincants sur le plan pédagogique, des groupes de langue à 4 d’un côté, 32 de l’autre avec des démissions de prof principal à la clé vu le manque d’AP ou son positionnement peu judicieux dans les emplois du temps…..

On peut constater que la réforme joue comme un révélateur ou un catalyseur du bon – ou malheureusement du mauvais – fonctionnement du collectif d’un établissement.

Charge de travail et angoisse

Globalement, il y a un point commun entre tous ces établissements : la charge de travail et l’angoisse générée, même si dans un premier temps certains ont pu se sentir soulagés (ils attendaient parfois des emplois du temps horribles quand ils se sont révélés corrects voire satisfaisants).

Les collègues ont fait une rentrée très studieuse, chargée :  les programmes de 2nde et de 1ère changent et il faut déjà se former aux futurs programmes de terminale, les autres niveaux étant déjà exclus du programme de formation cette année.

La rentrée a été aussi anxiogène : ils affrontent de profondes mutations, la notion de groupe classe est par exemple vivement bousculée. Comment être prof principal quand on enseigne une spécialité et que ses élèves sont répartis par paquet de 5 dans 6 classes ? Comment même assister au conseil de classe (il faudrait avoir le don d’ubiquité !) Pourtant les enseignants de spécialité devraient bien connaître les élèves (ils ont un fort horaire) et jouer un rôle prépondérant pour le conseil en orientation ! Il faudrait avoir le temps de se poser, réfléchir à des modalités de tutorat et/ou de réunions à géométrie variable qui permettent de tenir le rôle de bilan du travail fait par les élèves et de conseils à donner pour progresser. Mais ce temps de réflexion, personne ne l’a ! Là encore, on voit les effets délétères d’une réforme bâclée…..

Et de grosses incertitudes règnent encore sur la façon dont il faudra évaluer les élèves pour la classe de première avec un contrôle continu qui commence dès maintenant. Les collègues perçoivent bien que plus ils avancent, plus le brouillard s’épaissit….

Nécessité d’approfondir ces premiers constats pour y voir plus clair

Nous appelons donc tous les enseignants exerçant en lycée général et technologique, syndiqués ou non, à renseigner une enquête afin de pouvoir jouer pleinement notre rôle, que ce soit dans les établissements, ou dans les réunions du comité de suivi face au recteur. Cette enquête est accessible en ligne. Vous pouvez ne pas remplir certains items si vous ignorez les réponses, il suffit en ce cas de le signaler dans les champs libres des dernières questions.

 

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