Bilan de la rentrée 2017 au CTSD d’Ille et Vilaine

Le CTSD du 9 novembre 2017 a fait le point de la rentrée scolaire en Ille et Vilaine. Dans sa déclaration préalable, le Sgen-CFDT Bretagne a interpellé l'administration sur les effectifs dans les écoles, collèges et lycées publics, ainsi que sur les réformes et contre-réformes du moment.

Monsieur le Directeur Académique, Mesdames, Messieurs les membres du Comité Technique,

Comme vous le constaterez, notre intervention sur le bilan de la rentrée 2017 nous projettera aussi sur la préparation de la prochaine.

Pour le premier degré, nous constatons une augmentation de 30 élèves alors qu’une baisse de 80 élèves était prévue. Cela confirme le dynamisme démographique particulier de notre département dans l’académie. L’attribution de 61,5 postes a certes permis une amélioration significative du P/E, mais, sous l’effet d’évolutions d’effectifs contrastées, l’écart à la moyenne académique continue à se creuser.

Nous avons également des points de vigilance à soulever :

– la diminution du taux de scolarisation des élèves de moins de 3 ans semble stoppée, sans doute en raison du dispositif scolarisation des enfants des moins de 3 ans. Il n’en reste pas moins vrai que cela cache des disparités quant à la scolarisation de ces élèves entre les communes, la grande majorité n’étant pas concernée par le dispositif.

– cette rentrée a vu la création de classes de CP à 12 élèves sans démanteler massivement les dispositifs « plus de maitres que de classes ». Entre parenthèses, nous n’avons pas trouvé mention de ce dispositif dans le bilan de rentrée. Nous souhaitons rappeler ici notre attachement au dispositif « plus de maitres que de classes » qui donne plus de latitude aux équipes que les CP à 12, organisation décidée depuis le ministère comme si tout se jouait au CP. Nous sommes convaincus que l’accompagnement pédagogique de certains élèves nécessite du temps. Que se passera-t-il à la rentrée prochaine si vous devez encore développer les classes à 12 élèves ?

– nous ne pouvons pas faire le bilan de la rentrée sans évoquer la question des rythmes scolaires : les avis sont partagés, nous le savons tous, car la mise en place de cette réforme a été difficile pour de nombreuses raisons que nous ne développerons pas ici. Elle semble fortement remise en cause. Quel discours tiendrez-vous Monsieur le Directeur académique dans les mois à venir relativement à l’importance d’avoir 5 matinées de classe en particulier pour les élèves les plus fragiles ? À qui la densification des journées sera-t-elle profitable ? Là où un consensus local entre conseil d’école et municipalité n’aura pas émergé, envisagez-vous d’autoriser une dérogation au cadre existant ?

– notre dernier point sur le premier degré fera le lien avec le second degré : il s’agit du dispositif « devoirs faits », dont on annonce l’extension au premier degré. Qu’en sera-t-il des moyens pour cela, nous pensons en premier chef aux moyens humains. La durée de service des enseignant·e·s du premier degré et l’intensification des journées nous font penser qu’il sera difficile d’avoir l’encadrement nécessaire. La réflexion sur ce point est-elle commencée ?

 

Pour ce qui concerne le second degré, la hausse de dotation est la bienvenue, dans le contexte de poursuite de la réforme du collège. Nous regrettons les annonces ministérielles faites en juin de nature à déstabiliser les équipes, qu’elles soient pro ou antiréforme. Le nouveau Ministre de l’Éducation nationale a, malgré le vote négatif du Conseil supérieur de l’Education, décidé de mener le détricotage de la réforme du collège en modifiant l’arrêté qui avait été discuté pendant plusieurs mois en 2014 avec les organisations syndicales de personnels, celles de parents d’élèves… avant sa large adoption au CSE d’avril 2015.

Le rapport du CNESCO de septembre 2016 souligne l’intérêt en terme de justice sociale de cette réforme du collège.

L’arrêté Blanquer sur le collège, s’il n’a pas supprimé le travail interdisciplinaire permet de nouveau à chaque collège de donner plus à ceux qui ont déjà plus. Or, le rapport du CNESCO pointe la ségrégation intra établissement, résultat de cette vieille habitude française de donner davantage à ceux qui ont déjà beaucoup.

Une politique éducative ne peut se mener que sur le long terme et les problèmes générés par la mise en place de la réforme du collège ne peuvent seuls amener à remettre en cause son bienfondé.

C’est par ailleurs mépriser le travail des personnels qui s’y étaient investis et qui ont fini fatigués dans les collèges l’an dernier. C’est donner le signe qu’il n’est pas utile de suivre les instructions ministérielles, qu’il suffit d’attendre un peu. Et c’est bien le signal entendu par nombre de collègues, qu’ils se soient investis dans la mise en œuvre de cette réforme ou pas. La contreréforme Blanquer du collège n’a remis en cause ni les EPI, ni l’AP. Et les EPI font toujours partie des thèmes que les collégiens peuvent présenter à l’oral du brevet des collèges. Nous vous demandons de rappeler aux personnels que l’AP comme les EPI restent obligatoires et qu’ils correspondent toujours à une moyenne de 3 heures hebdomadaires au cycle 4.

En ce qui concerne la dotation en IMP, nous n’avons pas constaté de changement par rapport à l’an passé. Nous sommes surpris, car nous pensions que la provision d’avril à septembre était prévue pour le dispositif « devoirs faits » et qu’elle viendrait abonder la dotation initiale.

Concernant le dispositif « Devoirs faits » s’il n’est pas contestable sur le fond puisqu’il peut, comme la réforme du collège de 2014, permettre de réduire le recours à des officines privées de soutien scolaire, il pose tout de même de sérieux problèmes de méthodes ou de moyens. Une fois de plus, le pouvoir politique considère qu’il suffit de dire pour que les choses se fassent. C’est nier le travail à fournir par toutes les catégories de personnels à tous les niveaux (organisation, concertation, préparation des interventions…).

À tout le moins cela mérite des rémunérations supplémentaires ou l’abandon d’un dispositif antérieur qui serait moins utile. Ce n’est pas le cas. Il faut un coordinateur supplémentaire dans chaque collège, mais avec quel abondement du budget départemental en IMP ou en décharge de service ? Il faut des heures d’encadrement des élèves, mais avec quelle rémunération en HSE supplémentaire pour les enseignant·e·s ou les ASEN ? La dotation départementale a-t-elle été abondée en conséquence ? Le vadémécum ministériel, aussi utile soit-il ne peut suffire.

En Lycée Général et Technologique, l’augmentation démographique se poursuit avec l’arrivée de 323 élèves de plus dans le public (+275 dans le privé). Nous voudrions dire un mot rapide des annonces ministérielles sur l’orientation post-bac : pour une meilleure articulation entre le lycée et le supérieur, il nous semble indispensable de prévoir du temps non seulement pour informer les collègues, mais aussi pour les former. Il faut aussi du temps pour mieux accompagner les élèves dans leur projet personnel d’orientation, ce qui doit se traduire par des heures dédiées à l’accompagnement personnalisé et des moyens pour le tutorat.

Enfin le marronnier de la rentrée : nous déplorons comme d’habitude l’insuffisance des dotations de postes d’infirmières et d’infirmiers, 98 ETP seulement, et n’avons pas trouvé les chiffres concernant les médecins. Comme d’habitude aussi, nous déplorons la stagnation du nombre de postes de documentation, 105,5.

Merci de votre attention.