Faire travailler des élèves à distance suppose que les familles aient toutes le matériel adapté. Ce qui est loin d'être le cas. Comment éviter de creuser des écarts et créer du décrochage ? Décryptage et annonces.
Un casse-tête… parfois un problème insoluble
Dans nos établissements, qu’il s’agisse du premier ou du second degré, faire travailler à distance des élèves implique bien souvent qu’ils aient un ordinateur, une imprimante, une connexion internet, le smartphone pouvant être un instrument de consultation d’appoint.
Dans le premier degré où il n’existe pas d’Environnement Numérique de Travail pour les familles, les directeurs et directrices d’école ont dû parfois, à la hâte, improviser des listes de diffusion pour communiquer avec les familles.
Même pour les familles équipées, l’exercice n’est pas simple : avoir à partager un ordinateur entre plusieurs enfants, voire avec les parents en télétravail, trouver des cartouches d’encre pour imprimer, devoir parfois faire sans imprimante, avoir une connexion qui rame et qui rend très, très fastidieuse la consultation du moindre cahier de texte.
Mais tout cela est dix fois pire quand une famille n’a rien du tout.
Une fracture numérique cruellement mise en lumière par le confinement
La situation fait apparaître au grand jour les conséquences de la fracture numérique, pas seulement en terme d’équipement, mais aussi de formation, que ce soit pour les élèves comme pour leurs enseignants. Nous ne pouvons que souhaiter – et revendiquer – que la recherche de solutions trouvées pour éviter que les écarts ne se creusent davantage soit poursuivie quand les mesures de confinement seront levées.
Une première réaction du rectorat et des collectivités : prêt informatique
Très vite des initiatives ont émergé ça et là pour pallier le manque. Dans le Trégor par exemple, des entreprises ont organisé une collecte d’équipements informatiques pour les distribuer à des élèves sans ordinateur.
Partout, les établissements ont pris des ordinateurs portables pour les prêter aux familles.
Le 1er avril, lors du comité technique, nous avons appris que le rectorat avait passé un accord avec les collectivités territoriales, le conseil régional et les conseils départementaux, pour établir des conventions de prêts aux familles qui en ont besoin. Le prêt est prévu en partenariat avec La Poste pour que les familles n’aient pas à se déplacer.
Un second dispositif La Poste / « Flux Devoirs » : envoi de documents papier
Au comité technique du 24 mars 2020, le Recteur a annoncé qu’il était en relation avec La Poste et la préfecture pour mettre en place un dispositif à destination des familles. Son secrétaire général, M. CANEROT, l’a présenté le 1er avril lors du comité technique académique suivant, précisant que toutes les directions d’école et tous les personnels de direction allaient être destinataires d’un courrier à ce sujet.
« Flux Devoirs » : quésaco ?
Concrètement plusieurs étapes :
- Il faut d’abord pour l’école ou le collège désigner un utilisateur (un seul, car c’est la personne qui déposera les documents à envoyer sur la plateforme de La Poste), ainsi que les enseignant·es des élèves concernés.
- L’utilisateur met sur une plateforme de La Poste un fichier numérique avec les consignes et les documents.
- La Poste imprime ces documents, l’envoi hebdomadaire est limité 6 pages, soit 3 pages recto-verso, en noir et blanc.
- Elle met le tout sous enveloppe et l’expédie, y joignant une enveloppe T pour le retour.
- La famille reçoit l’enveloppe. S’il y a un exercice à compléter, l’élève fait le travail et la famille le renvoie à l’aide de l’enveloppe T.
- La Poste réceptionne la copie, la scanne et l’envoie sous format numérique à l’établissement.
Toutefois, le courrier précise qu’il ne s’agit par ce dispositif pas de doubler un envoi électronique qui serait parvenu à une famille sans imprimante. Et qu’il convient de prioriser les familles les plus éloignées, ainsi que de privilégier pour le contenu les attendus et les consignes à transmettre aux élèves. Bref, voudrait-on en limiter le nombre de bénéficiaires qu’on ne s’y prendrait pas autrement…
Notons que pour les élèves allophones, jusqu’à présent des éducateurs en lien avec des associations se chargeaient parfois de l’envoi des documents conçus par les enseignants des Unité pour Élèves Allophones. C’est par exemple le cas dans le Morbihan où l’association La Sauvegarde, en lien avec le Lycée du Blavet, réalise ce travail.