Ecole inclusive : rentrée 2019, l’art de faire comme si…

Contrairement aux déclarations de Jean-Michel BLANQUER, des milliers d'élèves handicapés en France n'avaient pas d'AVS à la rentrée. Billet d'humeur d'un collègue, enseignant référent en Bretagne

A la rentree 2018,  645 élèves handicapés dans le département d’Ille-et-Vilaine n’avaient pas d’AVS, chiffre confirmé par l’inspecteur d’académie, évoquant une situation  « ni anormale, ni alarmante » compte tenu des recrutements en cours…..Quelques jours auparavant le ministre avait annoncé (se référant au relevé réalisé par le Collectif Citoyen Handicap) que 750 signalements, au niveau national, avaient  été effectués par des familles sans Auxiliaire de vie scolaire pour leur enfant handicapé lors de cette rentrée scolaire.
En confrontant ces chiffres, on pouvait en conclure que les problèmes nationaux se concentraient en Ille-et-Vilaine…
Cela ne correspondait évidemment pas à la réalité. Le nombre d’élèves handicapés sans accompagnement devaient probablement être de l’ordre de plusieurs milliers sur le territoire national. Ce que ne pouvait ignorer Jean-Michel BLANQUER dont les services sont destinataires d’enquêtes académiques  régulières sur cette question.

Un grand « service public de l’école inclusive » ?

Dans un article de Ouest-France, du 11 juin 2019, le ministre ambitionne d’organiser un grand « service public de l’école inclusive », et résume cette nouvelle philosophie en cette formule simple :

Avant, tu devais attendre un AESH pour aller à l’école ; maintenant, tu vas à l’école, un AESH t’attend.

Cette formule ne repose sur rien. Les perspectives pour la rentrée 2019 ne sont guère plus brillantes. Au bas mot, pour certaines académies, pas moins de 2000 élèves devraient se trouver sans aide humaine à la rentrée 2019. Ils sont plus de 600 en Ille et Vilaine pour cette rentrée.

Les PIAL devraient tout régler..

Dans ce même article Jean-Michel Blanquer évoque le développement des  PIAL (Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés), »pour que les enfants en situation de handicap puissent être mieux accompagnés dès la rentrée. Ces pôles seront en charge de gérer, au sein de l’école, la scolarité des enfants en situation de handicap, et notamment de coordonner les accompagnements spécifiques dont ils ont besoin. »

Qu’est-ce qu’un PIAL?

L’idée des PIAL peut sembler bonne sur le papier : rapprocher la gestion des AVS au sein des secteurs de collège pour tous élèves handicapés du secteur (qu’ils soient scolarisés en primaire ou secondaire) et donner davantage de proximité aux différents acteurs…
Mais les incantations du ministre ne suffiront pas. Les supposées expérimentations des PIAL n’ont donné lieu à aucune évaluation, et dans la plupart des départements n’ont même pas été initiées.
A la rentrée la coordination des accompagnements a été parachutée à des Principaux de collège (en lien avec les IEN) mais in fine, ce seront les petites mains des secrétariats qui épongeront cette nouvelle charge de travail dans des conditions qui laissent perplexe.
Les moyens mis sur la table sont faibles (notamment une IMP pour un enseignant pour assurer le pilotage du PIAL). Aucune formation spécifique sur le thème du handicap à l’école.

L’intérêt réel que devrait présenter cette mesure pour le ministère est probablement une forme de dilution des problématiques, des mécontentements et des situations de souffrance pour les enfants et les personnels.

Pour aller plus loin

Une rentrée inclusive ?

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