Rentrée 2021 : pot-pourri à l’Inspé !

La formation dans nos instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation - Inspé, sévèrement impactée depuis mars 2020 par la pandémie, le sera à nouveau à la rentrée par la mise en œuvre de la énième réforme de la formation des enseignant.es et des CPE. Précisions.

Une situation institutionnelle très préoccupante, des choix purement financiers

Si la situation sanitaire permet de retrouver une formation sur site, la situation institutionnelle dans les Inspé, elle, est très préoccupante pour les milliers d’étudiant.es en master MEEF.

Au sein d’un même parcours, ce sont jusqu’à cinq modalités de formations différentes qui peuvent se mettre en œuvre, parfois au sein d’un même groupe d’étudiant.es.

Ce qui crée de vives tensions, aggrave les conditions d’étude et les conditions de travail des formatrices et des formateurs.

Cas n°1 : fonctionnaires stagiaires

C’est le cas le plus simple avec reconduction de l’existant pour une dernière année.
Les lauréats d’un concours à la session 2021 à la fin du M1 sont fonctionnaires-stagiaires à la rentrée pour un mi-temps de service devant élèves et un mi-temps de formation à l’Inspé, en M2,  pour celles et ceux qui ont à valider un master pour être titularisé.es, ou en parcours adapté pour les autres.

Cas n°2 : contractuels alternants

C’est la grande nouveauté de la rentrée. La réforme prévoit un master MEEF en alternance mais de seulement douze mois rémunérés sur les deux ans de la formation.
C’est pourquoi dès septembre 2021, les étudiant.es de M2 non lauréats d’un concours peuvent bénéficier d’un contrat d’alternance : 865€ brut/ mois pour un tiers-temps de responsabilité devant élèves et une nouvelle formation de 300 h à l’Inspé pour valider leur master et préparer les nouvelles épreuves du concours en fin de M2 à partir de la session 2022.

La baisse du nombre de postes à certains concours pour favoriser l’embauche de contractuels alternants ne résout pas les problèmes de recrutement.

Cette possibilité a entraîné de facto la baisse du nombre de postes à certains concours.
À Versailles par exemple, pour le CRPE, l’académie a perdu presque 500 places entre les sessions de 2020 et de 2021 pour engager à la rentrée 300 contractuels alternants dans le cadre du M2 « rénové ».
Le Sgen-CFDT de l’académie a immédiatement réagi en avril 2021 en écrivant à la rectrice pour lui demander en particulier le rétablissement du concours supplémentaire : courrier resté sans réponse.

En Ille et Vilaine, alors qu’il était prévu 81 places pour ces contractuels alternants, seuls 43 sont réellement en poste. Les candidats au concours n’ont pas saisi l’offre. Quand on voit la charge de travail imposée et la rémunération proposée, on comprend vite pourquoi!

Cas n°3 : étudiant.es sans contrat d’alternance

La réforme prévoit que tous les étudiant.es ne soient pas nécessairement en alternance mais puissent à la place obtenir un stage d’observation et de pratique accompagnée (12 semaines). Avec une gratification dont le montant n’a pas été communiqué.
La situation tourne au tragi-comique quand on sait que les rectorats ne prévoient pas autant de contrats d’alternance que d’étudiant.es inscrit.es dans les différents parcours du master MEEF : beaucoup se retrouvent sans contrat contre leur volonté.

Cas n°4 : AED « pré-pro »

Les étudiant.es bénéficiant d’un contrat AED « pré-pro » depuis leur deuxième année de licence en 2019, arrivent en M1 MEEF à cette rentrée. Ils se voient confier des enseignements à l’année pour un tiers temps de service et une rémunération de 1219€ brut/ mois.

Cas n°5 : les prépa-concours

Enfin, dernière catégorie, et pas la moins originale : celle des étudiant.es déjà en possession d’un master et qui voudraient bénéficier de cours à l’Inspé pour se (re)préparer aux nouvelles épreuves du concours 2022 à la fin du M2. (Le BO)
Pour éviter de les pousser vers des officines privées, et c’est tant mieux, des Inspé ont prévu un nouveau DU (diplôme universitaire) pour les étudiant.es ayant déjà validé un master MEEF. Sauf que ces personnes ne bénéficient pas nécessairement des stages prévus dans les maquettes.

On peut donc bien réussir ces nouveaux concours de recrutement sans bénéficier pour autant des éléments professionnalisants de la formation…

Patchwork, kaléidoscope, mixture, pot-pourri… La situation des étudiant.es en master MEEF à la rentrée 2021 pour une année de transition est un vrai dédale. La multiplication de ces situations ne résulte d’aucune considération pédagogique mais de choix purement financiers, mercantiles.

Post-scriptum : alors que l’Inspé de l’académie de Versailles s’apprête à accueillir du 12 au 14 octobre prochain un colloque important sur « l’école primaire au 21e siècle », avec de nombreux partenaires scientifiques, associatifs et institutionnels, la formation, elle, ne s’engage vraiment pas bien dans ce nouveau siècle.

formation master MEEF

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