École du socle ou Établissement Public des Savoirs fondamentaux… La rectrice sème la confusion

Les écoles et les collèges bretons sont en ébullition depuis la rentrée de février, le projet d'école du socle porté par la rectrice serait-il la première marche vers les établissements publics locaux des savoirs fondamentaux créés par la loi "pour une école de la confiance".

l’école du socle : un projet académique

L’école du socle est dans la loi depuis 2005, elle a été renforcée par la loi de 2013 avec la création des conseils écoles/collège.
Dans l’académie de Rennes la Rectrice souhaite mettre en place des réseaux d’école du socle (cf courrier du 5 mars). Il s’agirait de mettre en cohérence les objectifs pédagogiques des écoles d’un même secteur avec le collège de rattachement,  de faire vivre des conseils écoles-collèges du cycle 1 au cycle 4 (créés par la loi de refondation de 2013 ils se limitaient à la liaison C3/C4).
A cette fin il a été demandé aux équipes d’écoles, après avoir établi un diagnostic de leur situation, de faire émerger un à deux axes prioritaires de travail, communs avec le collège.
Le projet de la rectrice est de créer à termes 210 écoles du socle (autant que de collèges publics), des moyens ont été dégagés dès cette rentré (13 ETP sur l’académie).
En Ille et vilaine par exemple ce sont 4 ETP qui ont été créés et qui permettront à 8 directeurs bénéficiant de demi-décharges d’être déchargés totalement afin d’animer un réseau d’écoles du socle.

Le modèle retenu est en fait celui des REP qui fonctionnent déjà de cette façon, un ensemble d’écoles autour de leur collège de secteur, bénéficiant d’un coordinateur REP qui anime et coordonne les actions communes aux écoles et au collège définies dans le cadre d’un projet de REP.

Une différence de taille malgré tout, dans les REP les collègues bénéficient de temps de concertation supplémentaires et de primes pour la mise en œuvre de ces actions…

Lors du dernier CTA le 26 Janvier, le Sgen-CFDT est intervenu auprès de la rectrice pour s’inquiéter de cette surcharge de travail, sachant que les collègues ont déjà une charge de travail très importante.
Fin de non-recevoir de la rectrice qui estime que cela fait partie de nos missions depuis 2005 !
Nous avons par ailleurs questionné la rectrice sur les demandes de certains IEN qui exigent  que les équipes remplissent et leur restituent les documents d’auto-positionnement.
La rectrice et le Dasen22 Chargé de mission académique sur l’école du socle nous ont assuré que ce document était à usage interne, que l’équipe d’école pouvait s’en emparer ou non comme elle le souhaitait et qu’il n’avait pas à être restitué à l’IEN.

école maternelle

Établissement des Savoirs fondamentaux : la surprise du chef !

C’est a priori quelque chose de différent : il s’agit de nouvelles entités administratives créées par la loi dite « pour une école de la confiance »
Lors de l’étude de cette loi en février dernier, un amendement proposé en commission des affaires culturelles et de l’éducation a été adopté lors de l’examen de la loi. Il permet, sur proposition des collectivités locales et par arrêté du préfet de créer des établissements qui regrouperont sous l’autorité du principal du collège de secteur l’ensemble des écoles du secteur de recrutement et le collège dans une seule et même structure juridique (un EPLE). Le principal sera aidé d’un directeur adjoint en charge des écoles.

Le choix de faire passer ce texte par amendement interroge. Le ministre avait inscrit la question de la direction d’école à l’agenda social du ministère, une mission parlementaire avait assez largement consulté sur le sujet.
On pouvait espérer des avancées dans le dialogue sur un sujet qui touche à la structure même du système éducatif et qui est en lien avec une actualité sociale brûlante : l’implantation des services publics sur le territoire.

Le choix du ministre a été de passer par une porte dérobée pour faire adopter un texte qui ne prend pas en compte la réalité du métier de directeur d’école, qui ne respecte ni les personnels ni les élus locaux .
Une méthode sans doute motivée par la volonté d’éviter la concertation, de contourner le conseil d’état et la nécessaire étude d’impact qu’aurait nécessitée l’inscription de ce texte dans la loi.

De nombreuses questions restent sans réponses concernant ces Établissements Publics des Savoirs Fondamentaux

Quid des directeurs d’écoles ? quel statut pour les directeurs adjoints ? comment sont-ils recrutés ?
les professeurs des écoles sont ils nommés sur une école ou dans un EPSF et sont ils dès lors, déplaçables d’une école à l’autre au gré des besoins ?

l’école du socle prépare-t-elle la mise en place des établissements public des savoirs fondamentaux ?

La rectrice nous affirme que non, que ce sont deux choses totalement différentes « le réseau d’écoles du socle n’est en rien une préfiguration des établissements publics locaux des savoirs fondamentaux » nous écrit-elle dans son courrier du 6 mars.
Nous aimerions la croire !
Mais  il est vrai que la structure administrative que constituent les EPSF est assez facilement superposable à l’organisation pédagogique de l’école du socle.

La rectrice refuse par ailleurs d’exposer son projet de réorganisation de l’académie.
Nous avons, en intersyndicale,  demandé la tenue d’un Comité Technique Académique extraordinaire sur la réorganisation de l’académie
Bien qu’elle y soit tenue par le règlement intérieur du CTA la rectrice s’y refuse.
OR contrairement à ce qu’elle affirme dans l’interview donnée à Ouest France le 9 mars, aucune concertation n’a eu lieu avec les représentants des personnels.

La façon dont ce texte est passé à l’assemblée n’engage pas  non plus à avancer en confiance sur le projet de l’école du socle.

Aujourd’hui les personnels de direction de l’académie de Rennes appellent à suspendre leur engagement dans les projets de la rectrice en particulier celui de l’école du socle.

La confiance ne se décrète pas par la loi, elle se construit par le dialogue social !
Ni la Rectrice de l’académie de Rennes ni le ministre ne semblent l’avoir compris.

En conseil Syndical, le Sgen-CFDT Bretagne a décidé d’ écrire aux députés et sénateurs Bretons afin de les rencontrer pour leur faire part de nos inquiétudes quant à la mise en place de ce projet et exiger le retrait de cet amendement.

Ce sera l’occasion de leur faire connaître les propositions du Sgen-CFDT concernant la direction d’école.

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