Morbihan : préparation de la rentrée 2021

Déclaration préalable du Sgen-CFDT Bretagne au Conseil Départemental de l'Éducation Nationale qui s'est tenu le 26 février 2021.

Pour le Sgen-CFDT, le budget 2021 n’est ni cohérent avec les politiques publiques que le ministère prétend conduire, ni à la hauteur des effets de la pandémie sur le sujet éducatif.

Une politique scolaire qui n’est pas à la hauteur des enjeux

Les tensions étaient déjà fortes pour de nombreuses équipes. Les mesure annoncées aggravent encore les conditions d’étude des élèves et les conditions d’exercice des personnels. Le département est confronté à une suppression de postes conséquente dans le second degré alors que les effectifs sont stables. Dans le 1er degré, certes il n’y a pas de retrait de poste, mais cela reste une gestion purement comptable. On fait comme si la crise sanitaire était passée sans conséquence aucune pour les élèves. Les personnels sont confrontés à une intensification du travail qui s’oppose aux enjeux de l’accompagnement des apprentissages et des parcours. Les équipes voient se réduire leurs marges d’autonomie pédagogiques au détriment des plus défavorisés. Comment peut-on alors affirmer que la politique scolaire est la politique sociale du gouvernement ? Il y a tout lieu de penser qu’elle renforce au contraire les inégalités.

Les élèves ont besoin d’un accompagnement dans leurs apprentissages, dans l’établissement de leur projet d’étude et dans l’élaboration de leur projet professionnel. Mais également, et plus encore dans le contexte sanitaire actuel, nos élèves ont besoin que l’institution se donne véritablement les moyens de se préoccuper de leur bien-être. Les champs du social, de la santé et de l’éducation sont les grands oubliés de notre ministère. Cela concerne d’ailleurs aussi les personnels qui ne bénéficient toujours pas d’une médecine du travail digne de ce nom.

Une stratégie sanitaire illisible

La stratégie sanitaire de notre ministère, à supposer qu’il y en ait une, est peu lisible en ces temps de pandémie. Si l’on pouvait comprendre les difficultés à définir une ligne claire aux premiers temps de l’épidémie, on saisit moins les atermoiements du moment, entre déni, renforcements et assouplissements des protocoles sanitaires, sans logique apparente. Ces errances créent pour les personnels une incertitude source de stress.

Cette manière de faire se désintéresse de l’opérationnel et de la dimension sociale de ces décisions. Les nouvelles normes des masques qui s’imposent aujourd’hui coûtent aux familles, et accentuent encore les inégalités d’accès à la prévention et à la santé. Cette question ne peut être renvoyée aux écoles, aux établissements. Les équipes sont déjà fortement mobilisées sur les bonnes pratiques du masque. Le ministère doit accompagner ses décisions, ne pas considérer ces masques sanitaires comme une fourniture scolaire mais œuvrer à une dotation de masse. D’autant plus qu’apparemment quelques centaines de millions auraient été disponibles.

Inclusion scolaire : un processus inachevé

On vient de fêter le seizième anniversaire de la loi du 11 février 2005 sur l’égalité des droits et des chances. De nombreux acquis et améliorations sont constatés depuis le vote de cette loi. Pourtant la mutation inclusive de l’école reste encore aujourd’hui un processus largement inachevé, y compris dans notre département. Pour le Sgen-CFDT, il convient de s’interroger sur les butées du processus inclusif, les obstacles. Le paradigme doit changer pour penser le semblable et non le différent. Il convient de reconnaître les difficultés rencontrées par les personnels lors d’inclusions scolaires et de créer les conditions d’un accompagnement de ces personnels, à travers la formation, l’appui de professionnels qualifiés au service de l’inclusion au sein même des écoles : personnels médico-sociaux, enseignants spécialisé, partenaires associatifs. L’école inclusive est un travail d’équipe. Au bout du compte, ce sont les élèves, tous les élèves, qui y gagnent.

À ce titre, l’accompagnement par les AESH est un premier pas vers l’école inclusive mais il ne peut être la seule réponse. Il est nécessaire de les intégrer pleinement au sein des équipes. Elles doivent bénéficier d’une formation continue de qualité et adaptée, pouvoir participer à des temps d’analyse de pratiques clairement identifiés, comme cela devrait par ailleurs être le cas des enseignants et des personnels en charge d’enfants en situation de handicap.

Elles sont certes intégrées dans des PIAL dont les missions sont uniquement centrées sur la gestion des moyens mais pas sur la dimension pédagogique de ces acteurs de terrain. Pour prendre tout leur sens les PIAL ont besoin d’un nombre d’AESH supérieur aux besoins pour permettre encore plus de réactivité, notamment en matière de remplacement. Pour l’heure, les services départementaux en sont réduits à additionner les reliquats de service pour constituer une prise en charge, au mépris de la qualité de l’accompagnement des élèves et des conditions de travail des AESH.

Une remise en cause de la scolarisation des moins de 3 ans

Dans une commune du département, un maire a décidé de ne plus inscrire dans les écoles les enfants de moins de trois ans n’étant pas soumis à l’obligation scolaire. Plus aucun élève en toute petite section de maternelle donc, dans cette commune. On peut considérer comme restrictive cette lecture de l’article L113.1 du code de l’éducation. On ne peut néanmoins que la respecter comme une décision prise en responsabilité d’une collectivité territoriale dans son droit. Cela heurte nos usages morbihannais et remettra potentiellement en cause toutes nos pratiques d’accueil si cette décision fait écho auprès d’autres maires.

Pour continuer à garantir l’égalité de traitement sur le territoire, les modalités de répartition des postes seront à revoir. On en revient à la nécessité d’avoir une politique de gestion et de développement du réseau scolaire basée sur des considérations prioritairement éducatives puis structurelles et concurrentielles. Il faudra lever le nez des chiffres. Les enfants de la République sont plus que des nombres au bas d’un bilan comptable.

C’est aussi pour cela que le même article L113.1 du code de l’éducation prévoit que dans chaque département soit construit un plan départemental d’accueil du jeune enfant élaboré conjointement entre l’Éducation Nationale et le Conseil Départemental.

En conclusion

On le voit, il ne suffit pas de se payer de mots. Encore faut-il se donner véritablement les moyens de porter les ambitions affichées. A défaut, ces ambitions ressemblent à de la publicité mensongère. De fait, et les réductions d’emplois le traduisent bien, les actes trahissent les promesses. Le Sgen-CFDT s’oppose à cette politique et demande à ce que le schéma d’emplois soit revu pour 2021.

Rentrée 2021 dans les collèges et lycées du Morbihan

Rentrée 2021 dans les écoles du Morbihan